Julia Christ
“Me Myself and I”
Chaque match de boxe est une histoire, un drame dépourvu de mots, unique et très condensé. Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’a ni texte ni langage, qu’il est brutal, primitif ou qu’il ne saurait exprimer quoi que ce soit, mais que le texte est improvisé dans l’action… Si la parole des commentateurs au bord du ring donnent à ce spectacle une unité narrative, toutefois, la boxe en tant que performance s’apparente beaucoup plus à la danse ou à la musique qu’à la narration.
SOULCORNER est un solo mais paradoxalement parle de l’adversaire. A la base, un combat a besoin de quelqu’un en face. L’absence d’adversaire est l’un des aspects essentiels de ce spectacle. Cette absence est significative. Cet adversaire invisible, brumeux, inconsistant et immatériel (important/primordial) devient antagoniste et complice. L’adversaire qui apparaît et disparaît, qui se retrouve sous plusieurs formes, plusieurs vecteurs d’existence, apparaît à travers différentes actions, par un dessin, sous l’apparence d’un masque puis il se construit et devient Totem.
SOULCORNER interroge les motifs réels de la lutte. Vers qui est-elle vraiment dirigée? Les spectateurs pourront trouver leurs propres réponses, leurs solutions. Nous avons besoin d’un fantôme qui nous aide à découvrir la réalité avec cette dynamique oscillatoire entre cohérences et incohérences … Dans un ring abstrait, espace troublant et mystérieux, une femme plurielle évolue en quête de cet adversaire intérieur. Gant, craie, bandage, tabouret, cordes… Le décorum de la boxe est ici dépouillé et réinvesti.